Poème illustré par un tableau de :
Valérie Trabaud
L’âne Batifolo était vraiment très vieux :
Il n’y voyait plus bien et trébuchait souvent,
Tant et si bien qu’un jour le pauvre clopinant
Tomba au fond d’un puits, au mazet Donnadieu.
Il se mit à hennir, à vous rendre fadas !
Son maître, l’Antonin, ne sachant plus que faire,
S’en fut sitôt quérir ses amis et son frère
Pour l’aider à sortir le vieil âne de là.
On réfléchit beaucoup, l’on se cassa la tête…
Jusqu’à ce qu’on en vienne à ce raisonnement :
Enterrer tout vivant l’âne bien trop bruyant,
Alléguant qu’après tout ce n’était… qu’une bête !
Et chacun pelleta bientôt de tout son coeur
Sans oser regarder le fruit de son travail.
L’animal s’était tu. Et tous, vaille que vaille,
Bossaient comme des fous pour oublier l’horreur
De ce qui se passait quand soudain – oh ! mystère !
La tête de la bêt(e) surgit du trou comblé…
Et l’on comprit alors qu’à chaque pelletée,
L’âne se secouait pour enlever la terre
Qui était sur son dos et montait par dessus !
Il snoba les tueurs en passant devant eux,
La lippe méprisante et le port dédaigneux,
Ignorant les « Hourrah ! » de tous ces malotrus
Qui voulaient l’enterrer avant qu’il ne fût mort.
Et il vécut tout seul non loin de Lourmarin,
Heureux d’avoir quitté le cruel Antonin
Et d’avoir échappé à un coquin de sort …
Vous avez des ennuis ? Alors secouez-vous :
C’est la seule façon de se sortir du trou !
Martine Güther a écrit :
J’ai beaucoup aimé le poème : « La tactique de l’âne ». Bravo…