Détachée d’un oiseau, et tout aussi légère
Que le vent qui la porte, une plume fanée
Erre de-ci, de-là . Elle s’est effrangée
Aux épines du temps, préférant les chimères
Au petit corps bien chaud de sa gentille oiselle.
Si monter et descendre au-dessus du Midi
La fatigue beaucoup et abrège sa vie,
Ainsi l’apprécie-t-ell(e) loin de sa tourterelle.
Elle va, virevolte. Elle voltige et va,
Allègre et libérée – tout au moins le croit-elle !
Mais c’est surtout le vent qui mène la rebelle
Et en fait ce qu’il veut au cours de leurs ébats.
Un grand coup de mistral : l’arachnéenne chose
Tournoie dans un nuage au-dessus de la mer ;
Puis elle tourbillonne au creuset d’un enfer
Et s’abat sur les flots où le vent la dépose.
Ce n’est plus maintenant qu’une plume en guenilles,
Piètre lambeau visqueux imbibé d’eau salée…
Le mistral fait un tour avant de s’en aller
Débarbouiller le ciel où le soleil pétille.