Puissiez-vous ne jamais connaître la passion
Qui viendrait vous briser et le corps et le coeur !
Synonyme au début d’ineffable bonheur,
Elle n’est plus un jour que peine et obsession.
En vous sélectionnant, Eros vous a maudit,
Car cruels sont ses traits toujours empoisonnés :
Il est bien trop violent pour pouvoir perdurer,
Ce fléau qui vous point comme une maladie !
L’Autre vous semble alors avoir un tel éclat
Qu’aucun être sensé ne le reconnaîtrait ;
Et ces attraits fatals dont vous l’avez paré
Sont fausses qualités qu’il ne possède pas :
C’est un être normal dont vous fîtes un dieu
Irréel, idéal ; et toutes vos pensées
Encensent un humain qui n’a jamais été
Tel que vous le pensiez… Gare au jour où vos yeux
Las ! se désilleront ! Car quand vous comprendrez
Que votre amour parfait n’était qu’une utopie
Et votre exaltation une douce folie,
C’est votre ingénuité qui sera fracassée.
Prenez garde à l’amour s’il est trop absolu !
La passion est un mal qui vous peut dévaster,
Sournois et ravageur ! Mieux vaut ne pas aimer
Que d’être ainsi mué en amant éperdu…