Poème illustré par un tableau de :
Caspar Friedrich
(1774-1840)
Tapie dans un fourré, la Mort en embuscade
Attend deux vieux chasseurs partis tôt ce matin
Leur fusil sous le bras. Une belle balade
Pour Martial Garoubet et Gabriel Martin
Dans les bois d’Enchastrayes ! L’automne est somptueux
Car la montagne est rousse au pied du col de Four.
Bien qu’il fasse frisquet, ils se sentent heureux
D’être ainsi tous les deux. Là-haut plane un vautour
Qui tournoie inlassable au-dessus de la plaine…
Cependant ils sont las d’ainsi marcher en rond
Depuis pas mal de temps ; ils ont froid, leur haleine
Forme un halo d’argent autour de leur menton.
Puis l’un fait un faux pas car son talon s’est pris
Dans une souche d’arbre. Un tir incontrôlé,
Et Gabriel s’écroule en poussant un grand cri
Que l’écho répercute au loin jusqu’au Lauzet…
L’homme ne bouge plus dans les fougères brunes.
Martial tout hébété s’est assis en pleurant.
Au bord du chemin creux ; le croissant de la lune
Accroche un peu d’argent dans ses beaux cheveux blancs.