La montagne en surplomb au-dessus de la route
Semble faite d’un bloc, d’une énorme vigueur ;
Mais elle se délite et recèle en son cœur
Un terrible danger : il n’y a qu’une croûte
De rochers ébranlés tenant en équilibre
Au dessus de l’abîme, et qui devraient tomber ;
D’autant que, cet hiver, le froid exacerbé
Les ronge lentement et les déséquilibre
Chaque jour un peu plus. Une chute est probable
D’ici très peu de temps ! Le gel s’est acharné
A accroître ce mal qu’on ne peut soupçonner,
Et leur effondrement devient inévitable…
La montagne est tombée, emportant la chaussée
Avec un autocar montant cahin-caha
Tout en se dandinant, qui roulait presque au pas
En semblant se méfier de la route affaissée…
Un effarant fracas, une énorme fumée !
Rocs et car ont roulé jusqu’au fond du ravin
Enchevêtrés entre eux, écrasant deux ovins
Qui paissaient sur la pente une herbette élimée…
Emergeant un par un de la carcasse beige
Tombée dans la vallée, seuls quelques rescapés
S’extirpent des débris de métal découpé
Comme des elfes noirs. Il fait froid et il neige…