Pourquoi donc a-t-il fait cette terrible erreur ?
Cette maison sinistre où l’on se sent si mal,
Sans charme, sans beauté et qui suinte l’horreur,
Pourquoi l’avoir acquise sans avoir eu l’aval
De qui lui avait dit combien il se trompait ?
Car sa réputation à Lançon était telle
Qu’il aurait dû vraiment être préoccupé !
On ne s’y sent pas bien. Et lui, le vieux rebelle,
Aurait, pour une fois, dû écouter les gens !
On dit qu’elle est hantée, et il aurait dû suivre
Les conseils des voisins l’incitant fermement
A ne pas l’acquérir, à n’y surtout pas vivre…
Oui, mais il l’a repeinte et rouverte au soleil ;
A offert au salon de grandes jardinières
Où il a fait pousser d’énormes fleurs vermeilles
Qui y ont allumé de grands spots de lumière.
Il a passé la main sur les murs de guingois
Pour mieux les caresser. Et il a rallumé
Dans l’âtre bien trop froid d’énormes feux de joie.
Il lui a même dit que, ma foi, il l’aimait !
Il a, grâce à l’amour, chassé le mal des lieux ;
Les a débarrassés des immenses malheurs
Qui les endeuillaient tant. Et ainsi, peu à peu,
La maison s’est rouverte aux secrets du bonheur.
Elle est devenue claire et pimpante, et le vent
N’y souffle plus jamais que pour y siffloter.
C’est un hâvre de paix dont vibrent doucement
Les murs rapetassés et fraîchement lavés.