Là-haut sur le Plateau, j’ai construit ma maison,
Pas bien loin de Gréoux. Près d’un champ de lavande
Qui l’embaume l’été quand le vent sarabande,
L’emmitouflant d’air chaud du sol jusqu’au pignon.
Un grand pin parasol incline sa ramure
Au-dessus de son toit, l’abritant du soleil
Dont l’embrasement d’or tout crépitant balaye
Ses façades ocrées. Et sa verte palmure
La garde du brasier sous sa large ombre fraîche,
Quand l’été pèse lourd sur les bois et les champs
Accablés de chaleur ; quand le chant roucoulant
Des colombes parcourt la garrigue trop sèche.
Une jolie maison, peut-être trop jolie !
Un nuage en passant l’a vue dans le vallon,
Blottie sous le soleil dont les longs rayons blonds
Parent d’or et de feu ses pierres bien polies.
Charmé par sa joliesse et par cette harmonie,
Le nuage surpris a alors décidé
De rester au-dessus pour mieux la contempler,
Semant vite chez nous pas mal d’acrimonie
Envers ce malotru qui nous faisait de l’ombre.
Bien trop à notre goût, car ici à Gréoux
L’on n’aime pas du tout, mais alors pas du tout,
Que le ciel en été vire au gris et au sombre !
Mais tout a bien changé quand on s’est rendu compte
Que les gens enchantés venaient à la maison
Pour nous y saluer bien plus que de raison :
Il y faisait si frais ! Et nous avons eu honte
De notre déplaisir et de notre colère
Envers ce gros nimbus tellement discourtois
Qui s’était installé juste à l’aplomb du toit,
Mais dont l’ombre portée faisait bien notre affaire…
Et il est resté là, joli, frais et aimable,
Tout au long de l’été, juste au-dessus de nous.
Mais un très gros orage a éclaté fin août
Et nous avons perdu… la star de cette fable !