Poème illustré par :
Paul Cézanne
Un vent furieux s’enroule autour de la maison,
Un mistral rude et noir aux volutes glacées
Qui courbent jusqu’au sol la cime des cyprès,
Un mistral insensé jusqu’à la déraison.
La maison isolée au coeur de la garrigue
Semble s’être tassée sous les coups de boutoir ;
Le ciel immense et bleu, si bleu qu’il en est noir,
Enserre les vieux murs tout en dansant la gigue.
L’air tournoie, si violent qu’il ébranle le toit.
Les pavés du chemin partent en ricochets
Et s’en viennent frapper le seuil clos et usé
Comme des aiglons blancs s’acharnant sur leur proie.
Mais sous les coups déments la maison se resserre,
Se referme encor plus autour de l’âtre tiède
Où ronfle un bon gros feu – Ce n’est qu’un intermède,
Elle doit se soumettre au seul gré de l’hiver.