Jean voudrait être heureux : aujourd’hui, c’est sa fête.
Comme en ce soir d’été chacun crie à tue-tête,
Il rêve un court instant que c’est en son honneur :
Fantasme puéril qui lui fait chaud au coeur,
Bien qu’il se sache seul… Mais il se ressaisit :
Il va descendre à Trets. Et, quand il fera nuit,
S’en ira regarder les grands feux de l’été,
Applaudir tous ces gens s’essayant à sauter
Au-dessus des brasiers qui fêtent le début
De l’été triomphant. Il aime le chahut
De tous ces jeunes gens ne songeant qu’au plaisir ;
Il est ainsi un âge où l’on ne sait que rire !
C’est un beau soir très doux tout crissant de grillons.
Pour honorer l’été, Jean a pris son violon,
Mais il n’en sait tirer que des sons déchirants.
Et comme le contraste est beaucoup trop violent
Entre sa mélodie et la liesse des gens,
On lui crie de cesser. Et c’est presqu’en pleurant
Qu’il range dans l’étui l’ami de ses vieux jours.
Près de lui quelqu’un chante une chanson d’amour…