Il fait vraiment très chaud. Les têtes dodelinent,
On clignote des yeux car on a trop sommeil.
C’est heureux que là-haut un petit rond vermeil
Saute sur le plafond ! Autrement Caroline
S’endormirait, c’est sûr ! La voix de la maîtresse,
Monocorde et aiguë, lui parvient vaguement
Comme au fond d’un tunnel, et depuis un moment
L’enfant est envahie par l’énorme détresse
De qui ne peut lutter contre ce cataclysme
Où nul ne peut gagner : s’empêcher de dormir !
Quand un mot magicien fait soudain tressaillir
Son cerveau obscurci par tout ce verbalisme ;
Sitôt elle s’éveille, on parle de « vacances » !
Oh ! Quelques jours encore et l’on sera bien loin.
La vie est magnifique, on est à la fin juin
Et l’on va oublier une année de souffrances.
Car la petite fille, une « mauvaise élève »,
Vit dans un autre monde où les arbres sont bleus,
Où les animaux rient, où les fleurs ont des yeux…
Un monde merveilleux où le soleil se lève
Même quand il pleut fort, quand on le lui demande.
Bientôt elle pourra s’amuser au jardin
A longueur de journée ; humer les lavandins,
S’enivrer de l’odeur du thym, de la lavande.
Encore une semaine, et elle sera libre
De dédaigner ces cours où l’on est disputé
Parce qu’on ne peut pas tout le temps écouter ;
De pouvoir lire, enfin, pour de bon, les vrais livres…