Poème illustré par un tableau de :
J.P Lynch
Une très grande femme au teint de porcelaine
Est arrivée un jour ; c’était à la mi-août,
Quand la chaleur outrée rend les gens un peu fous !
Sa peau était nacrée, telle celle des reines
Qui ne sortaient jamais au grand soleil, antan,
Et ses yeux étaient gris, transparents comme glace.
Elle se déplaçait avec l’immense grâce
D’un être immatériel ; ses longs cheveux d’argent
Légers comme une brume étaient éparpillés
Sur son dos couleur d’os qui semblait bien fragile
Pour pouvoir supporter ses épaules graciles.
Impassibilité, visage dénué
De toute humanité, regard froid et blasé…
Quand elle s’allongea près de l’eau sur la plage,
Elle avait tellement l’air d’être un blanc mirage
Que les autres baigneurs s’éloignèrent inquiets,
Comme si elle était quelqu’un de redoutable.
Bien trop diaphane et blanche, et bien trop différente
De ce dont ils rêvaient, la belle indifférente
Semblait une utopie vraiment inapprochable…
Mais quand ils se risquèrent à la regarder,
Ils constatèrent tous un phénomème étrange :
La femme extravagante et semblable à un ange
Semblait soudain moins grande et se ratatinait !
Car la Dame du Nord* ne s’accommodait pas,
Malgré tous ses pouvoirs, du soleil du Midi.
Elle tenta de fuir, mais vite évanouie,
Se transmua bientôt en minuscule tas
De neige immaculée qui fondit aussitôt.
Et l’Esprit repartit vers les neiges, là-haut…
*La Reine des Neiges, d’Andersen