Poème illustré par un tableau de :
Olivier Lemennicier
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Là-haut sur la montagne est creusée une grotte
Où habite le vent, dont les sanglots grelottent
Quand l’ombre vespérale engloutit les sommets.
Tout au fond de son trou, ne cesse de pleurer
Le vent noir de décembre éploré qui gémit
Jusqu’au fond des vallées dès que tombe la nuit.
Quand tôt s’en vient l’hiver et que tombe la neige
Sur la montagne bleue, dans la pénombre beige,
Il déboule glacé sur Crévoux endormi,
Secouant ses maisons sans cesse ni répit.
C’est le vent de décembre éploré qui gémit
Jusqu’au fond des vallées dès que tombe la nuit.
Il ne fait que se plaindre et geindre de tristesse :
De longs cris angoissés d’une infinie détresse
Qui vous glacent le coeur, comme si ce vent noir
Etait un être en chair au bord du désespoir.
C’est le vent de décembre éploré qui gémit
Jusqu’au fond des vallées dès que tombe la nuit.
Il voudrait bien entrer et il secoue les portes
Tant il se sent exclus. Sa nature le porte
Vers les êtres humains, loin de ses hauts sommets :
Mais il lui fut donné d’être seul à jamais,
C’est le vent de décembre esseulé qui gémit
Jusqu’au fond des vallées dès que tombe la nuit.
Il souffle comme un fou, et bascule et bouscule
Les mélèzes pointus ; et frustré il hulule
Son chant vertigineux, hurlant ce désespoir
Croché au Parpaillon quand décline le soir.
C’est le vent de décembre éploré qui gémit
Tant il est esseulé dès que tombe la nuit.