Poème illustré par une aquarelle de :
Yann Robert
(1901-1994)
Vois-tu cette maison ? C’est une cachottière !
Par devant, la façade étroite est un peu grise,
Mais l’arrière réserve une énorme surprise,
Comme si l’on entrait dans un puits de lumière !
De grandes baies vitrées s’ouvrent sur la terrasse
Où des jarres ocrées dégoulinent de fleurs.
Le soleil y pleut dru, et distille l’odeur
Des plantes chevelues y fleurissant en masse :
Moult et moult végétaux tous si bien exposés
Qu’ils en sont devenus de réelles merveilles !
De l’eau en abondance et des soins, du soleil :
Un monde coloré qui embaume l’été !
Le jardin est en bas ; il est resté sauvage
Car on y descend peu : il est trop incommode
Et foisonne d’orties ; un petit monde y rôde,
Libre animalement d’en faire bon usage.
La petite maison fait face à la colline
Dont on a une vue à dérouter l’esprit !
Serait-on transporté soudain en Italie,
Avec ces hauts cyprès à la taille si fine,
Ces buissons amarante et ces arbres fleuris ?
Le vis-à-vis, là-bas, est un décor céleste…
Car l’étroite maison qui semble si modeste
Bée sur un point de vue semblable au paradis.
C’en est ainsi pour toi qui parais renfermée
Sous ton air renfrogné. Pourtant ton coeur est d’or,
Ne se pouvant saisir que si l’on fait l’effort
D’en dépasser le seuil et d’en franchir l’entrée…