Mais comment ai-je osé monter dans ce coucou !
Maintenant c’est trop tard : nous roulons sur la piste !
Ô Seigneur ! J’ignorais que j’étais sur la liste
De ceux que vous vouliez ramener près de vous…
Le moteur tourne à plein ; l’avion est balloté
Sur l’herbe qui s’agite. Il semble trop petit
Pour décoller tout seul ! Que fais-je donc ici ?
Pourquoi ai-je accepté ce périple insensé ?
On dirait maintenant que la terre s’enfonce
Et tout en-bas Tallard* ressemble à un jouet :
Une ville en Lego ! Je reste stupéfait
D’être accroché au ciel. Et puis la peur renonce
A titiller mon coeur : ce spectacle est trop beau !
Ces montagnes tout près plaquées sur le ciel bleu
Comme une broderie cousue en camaïeu !
Est-ce donc le bonheur qu’éprouvent les oiseaux,
Ce que je ressens là, juste au-dessus des champs
Appliqués en patchwork de toutes les nuances ?
Le monde est tout petit, sans beaucoup d’importance
Tandis que nous voguons sur les ailes du vent…
* L’aéroport de Tallard (04) a été fondé en 1930