Il y a bien longtemps, je résidais ailleurs.
J’étais alors très jeune, et pour moi la Provence
Etait une région faite pour les vacances,
Peinte d’azur et d’or et de moultes couleurs.
Je ne me doutais pas que je vivrais ici
Les trois-quarts de ma vie. Que la belle province
Deviendrait mon pays, et qu’un Destin bon prince
M’ancrerait à jamais à ce havre béni.
Car j’aime ce pays, au point de renier
Sans aucun repentir ce qui fut mon enfance !
Y aurait-il en moi un gêne de Provence
Y activant ce feu que je ne peux nier ?
Ce qui est inouï, c’est surtout la lumière
Baignant a giorno un rude paysage,
Car ces délicieux mots que sont «tranquille » et sage »
Ne s’accordent point trop à cette rude terre
Dont j’aime l’âpreté, tout comme le mistral
Quand il s’en vient fraîchir une journée brûlante ;
Et puis, aux mois d’hiver, ces journées insolentes
Qui osent pétiller malgré le temps glacial !
Il peut y faire froid sous un grand ciel tout bleu,
Y faire bien trop chaud, y venter à outrance…
Oui, j’aime la Provence, et j’ai l’outrecuidance
De me dire d’ici… en galégeant si peu !
C’est pourquoi je voudrais l’encenser tous les jours,
Tout comme un troubadour qui louange sa belle ;
Lui laisser à jamais toute une ribambelle
De poèmes fervents incandescents d’amour.