Il n’y a pas un jour, ma charmante Héloïse,
Où je ne pense à toi ! A ce jour de printemps
Où nous devions tous deux lutter contre le vent ;
Où tes longs cheveux roux soulevés par la bise
Flottaient autour de toi comme un châle ponceau.
Nous riions follement en narguant le mistral
Qui, hurlant de colère, arrachait leurs pétales
Aux pommiers qui ployaient sous ses brusques assauts.
Un vent phénoménal, comme il en naît parfois
Au coeur du mois d’avril, et qu’on feint d’ignorer
Tant le ciel est joli, presque comme en été !
Un vent propice aux jeux et aux premiers émois :
La jeunesse n’a peur de rien ni de personne !
Qu’aurions-nous donc pu craindre ? Où était le danger ?
Et comment aurions-nous même pu présager
Que le vent crie parfois tout comme un glas qui sonne ?
Une tuile a jailli, arrachée à un toit ;
Elle est venue frapper ton joli cou si blond
En creusant dans sa chair un large trou bien rond.
L’être gisant au sol, déjà, n’était plus toi…
Le lendemain, enfin, le mistral s’est éteint.
Le printemps revenu a repris son ramage
Avec ses oiseaux fous et son charmant visage.
Mais pour toi, plus jamais, il n’y eut de matin…
Quel superbe poème!! vraiment c’est très fort! bravo!
Merci d’aimer sa tristesse !