Poème illustré par un tableau de :
Claude Monet
(1840-1926)
Il fait calme, on est bien au bord de la rivière.
L’hiver est arrivé, mais il n’est que douceur,
Bien que le ciel empreint d’une étrange rousseur
Soit un peu sombre à l’Est. Un grand pan de lumière
Eclaire à profusion le toit de la maison
Qu’habitent les Poli. Novembre est vraiment doux,
Tellement avenant ainsi vêtu de roux !
Il est si bon de vivre et vieillir à Vaison…
C’est arrivé d’un coup ! Un grand coup de tonnerre,
Puis la pluie s’abattant en vagues forcenées
Sur le lotissement, et la villa cernée
Par le flot déferlant d’une crue centenaire
Que personne, jamais, n’avait encor connue !
Cataracte inouïe, cascade inexorable,
Recouvrant d’un torrent le jardin si aimable ;
Muraille d’eau sauvage et trombe continue…
Les Poli acculés ne savent plus que faire…
En tout dernier recours, ils montent sur leur toit
Mitraillé par la grêle. Et c’est avec effroi
Qu’ils voient les flots monter : la terreur et l’enfer…
Plus tard dans la journée, un tendre et chaud soleil
Illumine gaiement la ville saccagée
Si belle il y a peu. Deux personnes âgées
Assises dans la boue trouvent l’astre pareil
A celui qu’il était quelques heures avant !
Mais pour eux c’est fini, et inenvisageable
De tout recommencer… Le jardin si aimable
N’est plus qu’un noir bourbier que caresse le vent.