La mer sale et brouillée sent le poisson pourri.
Battant infiniment juste au pied de l’usine,
La Méditerranée où le fuel noir dessine
De jolis arc-en-ciel n’est plus qu’un pot-pourri
De papiers, de rebuts : un nauséeux crottoir !
La chaleur accentue l’odeur nauséabonde
Des eaux déshonorées par cette fange immonde
Qui a fait de la mer un vaste dépotoir.
Bouteilles en plastique, immondices, fétus .
De toutes les couleurs : on ne voit plus qu’à peine
Le sable du rivage où une vieille benne
Achève de rouiller parmi les détritus.
Au milieu des déchets bougent quelques poissons.
Sont-il vivants ou morts ? Ils flottent dans l’eau chaude
A l’odeur faisandée, où la lumière brode
Sur les flots irisés des dessins qui ne sont
Que les reflets dorés de cette corruption.
Affalés pas bien loin, ignorant cette merde,
Des touristes naïfs et inconscients ne perdent
Pas un rai du soleil. Toute leur attention
Est fixée sur un point, là-bas, à l’horizon :
Un bateau qui bondit sur les vagues violettes.
Des rêves colorés leur passent par la tête,
Leur faisant oublier toute cette abjection.