Le soleil requinqué a remis sa cuirasse
De lumière et de feu. Car il faut qu’il efface
Les traces d’une pluie rare à la fin juillet ;
Il a repris la main et bien vite essuyé
Cette eau inopportune inondant la chaussée.
Il redevient le maître, et Marseille angoissée
S’apprête de nouveau à subir ses assauts.
C’était si merveilleux, cette averse à pleins seaux
Qui l’a rendue soudain un petit peu plus fraîche !
Mais le Roi du Midi bande déjà ses flèches
Trempées dans la fournaise où bouillonne l’été :
Il ne sait point ce qu’est le mot « sobriété » !
Il va se déchaîner, incendier et détruire
Les fleurs dans les jardins, leur innocent sourire ;
Assécher la campagne et boire les ruisseaux
Dont les eaux ne sont plus que maigres soubresauts.
Il va cloîtrer chez eux les vieux et les malades,
Et puis désespérer les tendres roucoulades
Des gentils tourtereaux nichant dans mon jardin.
Le soleil du mois d’août ? Un infâme gredin…