La cime du Cousson s’assombrit peu à peu.
La nuit qui mange tout avale de son ombre
La vallée zigzaguée par des méandres sombres ;
La lumière s’enfuit en grand sauve-qui-peut.
Le soleil s’est posé sur la crête pointue
Comme un gros ballon rouge, et le ciel incertain
En est éclaboussé ; son lourd manteau d’étain
Enveloppe de gris la montagne tortue.
Tout bruit s’y fait silence ; un gros silence épais,
Angoissant, abyssal, annonçant les ténèbres
D’une nuit hivernale apposant son funèbre
Sceau glacé et lugubre aux sommets escarpés
Estompés par la brume, où des pans de lumière
Essaient de résister à l’ombre qui s’en vient.
L’obscurité glacée réduit le monde à rien,
Plus rien n’existe plus ; la terre tout entière
Doit avoir disparu dans un sombre néant.
Montagnes et vallées sont désormais semblables
Au sein d’un monde obscur. Le temps semble immuable.
La nuit engloutit tout en son gouffre béant…