Poème illustré par un tableau de :
Egany
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Depuis trois jours il neige, et un silence blanc
Submerge une Provence aux contours indécis :
Sa rigueur s’est parée de lignes arrondies
Et les angles des toits s’incurvent doucement.
Le tapis est épais, qui efface les formes,
Les routes, les fossés. Les arbres harassés
Par un poids trop épais ont des branches cassées.
Les jardins sont ouatés, leurs courbes uniformes.
Il n’y a plus un bruit et l’air semble feutré
Sur un monde plus lent où tout s’est adouci ;
Où les gens du Midi se sentent plus unis,
Comme s’ils possédaient un secret partagé !
Le phénomène blanc a rapproché les gens,
Et s’ils sont tracassés par l’aspect insolite
De ces murs guipurés par de longs stalactites,
Ils jouent à être gais, tels des petits enfants
Qui se seraient vêtus beaucoup trop chaudement,
Bien encapuchonnés, engoncés dans la laine ;
Qui s’étonnent de voir leurs nues bleu porcelaine
Muées en un ciel gris tout étoilé d’argent.