Poème illustré par un tableau de :
Aïvakovski
(1817-1900)
Un rouleau, deux rouleaux sur la plage qui dort ;
Deux rouleaux, trois rouleaux, puis quatre frangés d’or
Sous les rayons aigus de la lune placide.
Il fait frisquet ce soir et la brise est acide.
C’est un lent va-et-vient sur le sable en béton
Que l’eau effrite à peine ; et quelques blancs moutons
Moussent en pétillant sur la grève d’argent.
C’est un lent va-et-vient, une valse à deux temps
Rythmés par un reflux mystérieux et secret.
Pas de marée ici, mais l’eau semble avancer
Pour s’en aller lécher l’escalier de la plage.
La lune toute ronde est semblable à l’image
Qu’en dessinent toujours les tout petits enfants.
Un flux et un reflux, une valse à deux temps
Sous l’astre de la nuit immobile et placide
Au-dessus de la mer ; le monde semble vide.