La montagne est voilée par un filet d’argent.
Une fine résille en adoucit les angles
Jusqu’à les arrondir. Et le soleil qu’étrangle
Ce tout début d’hiver se diffracte en plongeant
Derrière le Cousson. Le temps vient de changer.
Les sapins sont ourlés d’une dentelle blanche,
Et l’on entend parfois le bruit d’une avalanche
Qui dévale en grondant un versant enneigé ;
Car la première neige est semblable à du verre,
Fragile et si ténue. La brume est jaune pâle,
Née de l’étrange union d’une pluie automnale
Avec le gel brutal de cette nuit d’hiver.
Sous son voile argenté, le paysage est flou,
Générant peu à peu des ombres fantomales.
Sur le linceul tout blanc, des traces animales :
Un renard isolé, peut-être même un loup ?
Maintenant très épais, le brouillard est opaque
Et l’on n’y voit plus rien, cinq mètres devant soi.
L’on respire très mal, et l’on n’entr’aperçoit
Sous ses pieds tout crottés que le fangeux cloaque
De la neige qui fond. Il est encor trop tôt
Pour qu’elle tienne bien ! Une curieuse attente…
La brume inopinée qui flotte sur les pentes
Va-t-elle retarder l’immaculé manteau ?