Poème illustré par un tableau de :
Pierre-Auguste Renoir
(1841-1919)
Au début de l’été l’on se sent invincible
Et l’on ressent au coeur une joie indicible
Qui vient vous titiller dès le petit matin.
La lumière est intense, et puisqu’il est certain
Qu’il va faire très beau pendant au moins trois mois,
On se sent tout à coup une âme d’immortel
Comme si juin naissait pour la première fois.
Ce temps presque parfait devrait être éternel !
Le soleil est encor à peu près supportable ;
Il contient ses rayons et il est raisonnable,
Malgré les jours très longs lumineux dès six heures.
Profitons-en donc bien : c’est un vrai grand bonheur
De déjeuner dehors sous les arbres d’un vert
Encor tendre et goûteux comme la menthe fraîche.
Et puis allongeons-nous baignés par la lumière
A même le sol dur : l’herbe n’est point trop rêche,
Toujours gorgée de l’eau de ce dernier printemps.
Ce temps bleu est exquis, et un souffle de vent
Vous effleure en douceur : la brise provençale
Oubliant qu’elle peut se muer en mistral !