Au coeur de la Provence, aux tréfonds, tout au fond
De la garrigue noire et mangée par l’été,
Un vieux mas presqu’en ruines, un mas inhabité
S’écroule peu à peu, laissé à l’abandon
Car depuis des années, plus de trois décennies,
Une famille se bat pour se le partager.
Patrimoine haï, succession avortée
Qui submerge de haine un vieux mazet maudit.
Un volet se détache et bat dans le mistral
Qui l’attaque en sournois de ses rafales grises.
Rafales du vent fou, rafales de la bise
Le broyant peu à peu sur son flanc boréal.
Au Sud c’est le soleil qui l’use doucement,
Délavant sa façade et délitant ses pierres
Enserrées peu à peu par les vrilles du lierre.
Il ne revit un peu que parfois, au printemps.
La ruine qui se meurt a des teintes fanées,
Du gris-beige et du brun, tristes couleurs. Lassé
Par la folie humaine lentement le mazet
S’enfonce dans le sol, lépreux et dégradé.