Poème illustré par un tableau de :
J.H Fragonard
(1732-1806)
Allongée sur son lit, elle songe à l’amour…
Il lui manque déjà… Après-demain peut-être ?
Evoquant son amant, elle se sent renaître
Et ouvre grands les yeux. Sur la chaise en velours,
Une chaussette gît, ce qui la fait sourire :
S’en est-il donc allé avec l’un des pieds nu ?
Elle revit leur nuit et déjà n’en peut plus
De le savoir absent. L’horloge qui soupire
Marque ce temps trop long où Il lui manque tant.
Dehors le mistral souffle. Elle pense à cet homme
Qui s’en vient l’éveiller et la visiter comme
Une reine du froid dans un conte d’antan…
L’enclosant doucement, la chambre est tiède et douce
Et sent bon autour d’elle : effluves du Midi,
Senteurs du romarin, fragrances de la nuit…
Quel poète a donc dit que tout amour s’émousse
Au long fil des années ? Il n’est pas encor temps :
Pour le moment l’histoire est un conte de fées…
De la cuisine monte une odeur de café :
Adélaïde rit et se lève en chantant.