Le mistral déchaîné qui hurlait à tue-tête
Vient enfin de se taire, emportant la tempête !
Sur la plage en désordre et comme mise à sac,
La Méditerranée a laissé une flaque
Où gît le ventre en l’air un énorme poisson,
De ceux que par ici l’on appelle chapons.
Il tressaute et palpite au fond du sable en creux,
Et sa bouche tordue n’est qu’un cri silencieux
Qui lappe goulûment un flot inexistant.
Une grosse rascasse, et très moche, vraiment !
Comment a-t-elle pu s’échouer sur la plage ?
On dirait un dragon venu du fond des âges…
Surmontant son dégoût, Anne l’a ramassée…
Avec circonspection ! Elle l’a rejetée
Au loin au fil de l’eau pour lui redonner vie,
Ravie apparemment d’accorder un sursis
A un être marin. La laide créature
A replongé au fond. Pour une autre capture ?
La Méditerranée qui battait comme un coeur
L’a remise en son sein avec moulte douceur.