Anselme est vraiment fatigué.
Décembre est long, il se fait vieux ;
Son travail l’use et il se peut
Que cet hiver soit son dernier.
Il aime beaucoup qu’on caresse
Son poil rêche et taché de roux ;
Il a des clochettes partout,
De l’encolure jusqu’aux fesses.
Son traîneau aussi, si léger,
Même tout surchargé d’enfants
Qui piaillent sur le chemin blanc
Où il trottine à pas feutrés.
Il est la star de la Station,
On l’adore, il en est heureux
Mais il est usé et bien vieux
Et il aimerait parfois qu’on
Lui accorde enfin du repos.
Le vieux cheval ferme à demi
Ses longs yeux sur le rêve enfui
De l’ivresse des grands galops.