Ce sont les premiers jours du début de l’été.
La mer est apaisée et peine à clapoter
Sur le sable encor frais de la plage encor vide.
Sur Marseille sereine, une brise languide
Virevolte tout doux : petit matin heureux
D’une journée dorée déjà ensoleillée !
Lou vient d’ouvrir les yeux, et, tout juste éveillée,
Ne songe qu’au moment tellement délicieux
Où elle va revoir son tout nouvel ami.
La ville est assoupie ; le Prado dort encore
Dans ce calme anormal du matin qu’elle adore…
Il faut sortir en douce et ne faire aucun bruit
Pour s’en aller rejoindre Andréa sur la plage.
Dans la maison, tout dort, et Lou sort par l’arrière,
Après avoir enjoint fermement à son frère
De ne pas dévoiler sa sortie… pas très sage !
Assise sur le sable, elle attend Andréa,
Son coeur tendre d’ado battant fort la chamade.
Elle a beau simuler un dédain de façade,
Sa crainte inavouée, c’est qu’il ne vienne pas !
Tiens ! Voici qu’apparaît sa haute silhouette…
Mais Lou est sidérée : le garçon n’est pas seul,
Il est accompagné ! Et un sombre linceul
Tombe sinistre et froid sur la pauvre nymphette
Qui se sent défaillir : accrochée à son bras
Comme un poulpe à un roc, c’est Léa, son amie…
Devenue sur le champ sa meilleure ennemie !
Lou, ne leur fais rien voir, surtout ne pleure pas ;
Retourne-t’en chez toi, en redressant la tête,
Pour y rafistoler ton cœur tout en morceaux ;
Va retrouver les tiens avenue du Prado…
Tu auras dans ta vie bien d’autres amourettes !