J’aimerais tant rester debout au bord du monde
Ou surplomber sans peur l’arête d’un ravin,
Mais ça m’est impossible et mon beau rêve est vain…
Monter toujours plus haut, contempler à la ronde
La Provence étalée du Nord jusqu’à la mer ?
Voir le panorama, les pieds bien accrochés
A un sol ferme et sûr et sans peur de tomber ?
Je ne pourrai jamais, accrochée comme un ver
A la terre d’en-bas par cette infirmité,
Ce vertige qui rend mes jambes toutes molles.
Cette peur insensée et ce coeur qui flageole
M’empêchent de gravir les pentes convoitées :
Je ne verrai jamais les Alpes que du bas !
Quelques mètres de plus ? J’ai déjà la nausée
Au tout premier niveau… Oh, pouvoir me hisser
Sur la montagne nue par des couloirs étroits
Pour voir enfin d’en haut un monde tout petit !
Etre réincarnée dans le corps d’un chamois,
Sauter de roche en roche et sans aucun émoi !
Mais mon vertige est là, qu’on nomme acrophobie :
C’est pire qu’une peur, c’est une maladie !