Poème illustré par une aquarelle de :
Armand Feldmann
La nature est en feu et je n’ai pour la peindre
Que ces mots qu’il vous faut entendre avec les yeux !
Un spectacle inouï que je risque d’éteindre
En le dépeignant mal. Un monde merveilleux
Qu’il me faut vous décrire avec de simples noms
L’évoquant tout autant que si vous le voyiez !
Oreilles, yeux et nez… Ce sont tous les chaînons
D’un ressenti profond prêt à les apparier.
L’automne est bientôt là. Regardez tournoyer
Le souffle du mistral arrachant des rameaux
Aux arbres du jardin. Ecoutez le noyer
Qui gémit et se ploie, tout comme les ormeaux
Dont les troncs craquent trop sous les assauts du vent.
Humez bien le soleil qui va bientôt devoir
Subir le mauvais temps, bien plus qu’auparavant,
Quand le ciel clair et bleu ne virait point au noir.
L’automne peint les feuilles d’un roux mordoré ;
Je les entends chanter un bien triste arioso
Car elles vont mourir. Et leur parfum ocré
Se mêle à profusion aux soupirs des oiseaux.
Le poète l’a dit : les couleurs et les sons
Se répondent toujours ! Nos sens sont associés,
Plus féconds quand alliés ainsi à l’unisson,
Ils louent l’On Ne Sait Qui pour mieux le remercier.