Vraiment, mon cher Mimi, tu es un phénomène !
Nous sommes tous prostrés, hagards, anéantis
Par l’énorme chaleur, et toi tu t’y promènes
Indifférent, royal, sans y être englouti !
Les chats viennent, dit-on, de zones désertiques ;
Ils y furent créés par un Djinn facétieux
Qui leur attribua ce pouvoir fantastique.
Avec ton fier aplomb, ton air de demi-dieu
Méprisant nos travers et notre vanité,
Tu fais fi, cher Mimi, des jours de canicule
Détruisant les humains, cette calamité
Hors de toute raison nous laissant incrédules !
Alors que nous fuyons l’implacable lumière,
Tu t’y vautres, royal, allongé au soleil
Sans paraître en souffrir – insondable mystère !
Et t’y anéantis, plongé dans un sommeil
Où dansent des souris, immobile et heureux,
Sans être mal à l’aise et sans aucune gène ;
Et quand nous demandons comment, toi, tu le peux,
L’on nous répond souvent : « C’est inclus dans ses gênes ! »
Mais moi, j’ai peur pour toi ; je crains que tu ne fondes !
Et s’il ne restait plus qu’une flaque de chat
Au milieu de l’allée ? Mes pensées vagabondent…
Soucis bien superflus pour mon petit pacha !