Poème illustré par un tableau de :
Claude Joseph Vernet*
(1714-1789)
Dodelinant tout doux, la Méditerranée
Cajole son Marseille en caressant ses plages
Pour lui faire oublier l’irrépressible rage
Qui vient de la pousser à tant le malmener.
La mer s’est apaisée, et après les excès
De sa folle fureur, feint d’être une grand’mare
Essayant d’effacer l’énorme tintamarre
Ayant meurtri Marseille. Il a pansé ses plaies
En tentant de farder les lésions infligées
Par les flots insensés engloutissant la terre,
Les rafales du vent hululant sa colère,
Les éclairs monstrueux et l’eau noire enragée…
Comme il faut maintenant se faire pardonner,
La mer roule à ses pieds et fait sa chattemite :
Et Marseille avili doit faire l’hypocrite,
Ravaler sa fureur, et vraiment se forcer
A ne la point haïr ; car sa bestialité
A humilié la ville accablée d’amertume.
La mer moire ses flots, irise son écume
Pour être encor plus belle aux yeux des Marseillais…
Marseille sait fort bien qu’il doit toujours plier,
Et que, quoi qu’il en pense, il lui faut tout permettre
A sa géante bleue. N’étant jamais le maître,
Il doit bien malgré lui se taire et l’accepter.
* En fait, ce tableau représenterait… Bordeaux !!!