Le vent souffle si fort qu’il secoue la maison.
C’est si propre au mistral, ce manque de raison
Et cette obstination qu’on n’y prend plus trop garde !
On reste au chaud chez soi, l’on se traîne, on flemmarde,
On attend qu’il s’essouffle : il se lassera bien
De jouer les terreurs ! Et ce maudit vaurien
Ne fait jamais grand mal… Que serait la Provence
Sans ses grands coups de gueule et son trop plein d’outrance ?
Mais il m’use aujourd’hui : j’aimerais bien partir.
Je me sens désoeuvrée, je m’ennuie à mourir
Au milieu du salon soudain si solitaire…
Non, c’est moi qui le suis ! Et tout à coup la terre
Semble inapproppriée pour les gens comme moi :
Ermites esseulés, sans aucun autre émoi
Que la vie de leur chat – animale tendresse ;
Tout assoiffés d’amour, en quête de caresses…
Je me rencoigne encor. Du fond de mon fauteuil,
Je m’interroge enfin : ai-je le coeur en deuil,
A ne plus supporter ainsi ma solitude ?
Et depuis tant d’années, une telle habitude
Ne devrait-elle pas être mon compagnon ?
Le vent vient d’arracher une tuile au pignon
De mon toit secoué, puis elle dégringole
Le long de la façade… avec la parabole !
Il faut se secouer. Bah ! L’on a des amis,
Des enfants fort aimants, des collègues admis
Dans le cercle fermé d’une vie bien choyée…
De quoi chanter et rire à gorge déployée ?
Le vent se calme un peu : l’on va pouvoir sortir,
Retrouver son prochain. Terminés les soupirs !
Le ciel est bleu marine et le monde est splendide ?
Allons donc oublier ce spleen liberticide !