Poème illustré par un tableau de :
Jan Boeckhorst
1604-1668)
Hérissé de glaçons, l’hiver s’en est allé
Avec son bataclan tout givré de froidure
Pour rejoindre là-haut de tristes créatures,
Ses amis détestés par l’univers entier.
En haut de la montagne, au fond d’un trou puant
Où il reste tapi le temps de la lumière,
Du soleil triomphant et des journées si claires,
Il rejoint ses féaux : verglas, froid , gel et vent…
Ils restent enfermés pendant huit mois entiers ;
Et s’ils tentent parfois une sortie brutale,
Ils doivent par chez nous réfréner leur fringale
Et leur désir malsain de tout y régenter
Car ce n’est point leur fief : le Midi est rétif
A même imaginer ce qu’est saison si dure
Qu’on ne peut plus aller à sa guise. A l’injure
Du froid seraient mêlés de longs jours inactifs ?
Alentour, la montagne est glacée et se tait.
On dirait qu’elle sait quel est son nouvel hôte
Et qu’elle l’a absout. Mais le piètre despote
N’y est malgré le froid qu’un pauvre roitelet.