L’hiver doit s’en aller mais il résiste encore
Comme ces vieux pendards ne voulant pas mourir,
Cherchant votre pitié avec force soupirs
Et ne comprenant point combien on les abhorre.
Et pourtant tout le pousse à nous abandonner:
Le sol gris qui verdit, les bourgeons sur les branches,
Le soleil qui grossit au coeur des nuées blanches
Scintillant au matin de rayons irisés,
Ce petit quelque chose au coeur de l’atmosphère
Qui vous tourne la tête et vous pousse à aimer…
Mais il ne comprend pas, et cherche à nous charmer
Avec des souvenirs de fêtes somptuaires,
De week-ends enneigés, d’odeurs de feux de bois…
Matin après matin, il est toujours en place,
Mistral autour du cou, stalactites de glace
Et pans de brume bleue pendouillant à ses doigts.
Mais quand va-t-il enfin quitter notre Provence ?
Le saligaud résiste, il rigole, il fait front,
Et nous, nous ruminons tout en tournant en rond !
Aurions-nous donc perdu la proverbiale chance
Dont on parle partout, et qui a fait de nous
Les habitants heureux d’un petit paradis ?
L’Hiver se serait-il entiché du Midi ?
A cette horrible idée j’ai le cœur qui se noue…
C’est vrai et c’est bien dit” poétiquement”