Par moments, cher mistral, nous pouvons être amis :
Quand il fait vraiment chaud, que ton énorme souffle
Vient un peu rafraîchir le Midi où s’essoufflent
Nos journées bousillées par un été jobi* !
Quand tu repeins le ciel blanchi par la chaleur
D’un bleu cobalt et dur au coloris intense !
Quand tu redonnes enfin comme un air de jouvence
A nos vies avachies – vieux diable querelleur,
Et rabats son caquet au soleil outrancier !
Quand tu sais nous montrer que tu es efficace,
Que tu peux rafraîchir ces étés si coriaces
Qu’ils sont mal supportés par nos corps trop douillets…
Et puis lors de l’automne ou des longs mois d’hiver,
Quand la pluie continue se croit soudain chez elle
Et que tu la balaies, l’immonde péronnelle,
Pour la réexpédier jusqu’au diable vauvert !
Tu es bruyant, glacé, bien souvent discourtois,
Avec cette impudence et cette violence
Qui te font envahir notre ciel de Provence.
Mais quelquefois, vois-tu, l’on a besoin de toi
Et l’on t’est attaché… mais n’en profite pas !
En provençal : cinglé !