Marseille se croyait enfin tiré d’affaire
Quand un vent démentiel s’est soudain déchaîné,
Entraînant jusqu’aux nues de tels paquets de mer
Qu’on n’en croit pas ses yeux ! Un mistral si glacé
Que, quand il les fouette, il fouaille le coeur
Des pauvres Marseillais obligés de sortir
Pour leurs obligations… et leur plus grand malheur :
L’hiver maudit de tous vient de récidiver !
Le Vieux Port cahotant soulève ses bateaux
Comme jouets d’enfants, et les hauts mâts basculent
Vers les quais submergés par des montagnes d’eau.
Se lançant à l’assaut, la mer parfois recule
Pour rebondir encor, reprendre son élan.
Réveillant en chacun des terreurs ancestrales,
Ce vent suinte la peur car il est trop violent,
Et bien des Provençaux disent que ce mistral
Est aussi monstrueux qu’une énorme tornade !
Sous ses grands tourbillons la mer est toute grise
Et le ciel transparent a la couleur du jade ;
Un ciel beaucoup trop clair délavé par la bise.