Poème illustré par un tableau de :
Michel Le Dret
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La mer crachant sa rage éructe et se balance
Sous le ciel incarnat ; et son incandescence
Répond au va-et-vient lumineux du soleil
Qui bouge sur l’eau folle en ondoiement vermeil.
Un voilier argenté rebondit sur les vagues,
Etrangement penché. L’ on dirait qu’il divague
Au gré de l’eau froissée par l’énorme mistral.
Un bateau de papier, un gracile cristal
Sur les crêts acérés de l’eau tumultueuse.
La Méditerranée s’est muée en tueuse,
Et le joli voilier n’est plus rien qu’un esquif,
Une coque de noix qu’un départ trop hâtif
A mis à la merci de la mer affamée.
Tout à coup, c’est l’horreur : il vient de chavirer.
Il n’y a plus soudain sur la crête des flots
Que deux petits bouchons qui cahotent sur l’eau,
Puis que la mer avale en moins de cinq minutes.
Et l’épave en morceaux que les flots se disputent
Tressaute et se disloque en des milliers d’espars
Sous les coups de butoir enragés de l’eau noire.