Au quatrième siècle avant l’ère chrétienne
Vivait à Massalia un affamé du monde ;
Par ses ombres portées, son gnomon d’obsidienne
Lui avait révélé que la Terre était ronde !
Il était astronome et pauvre, et désirait
S’en aller vers l’Ouest pour y quêter l’étain
Et l’ambre dont la ville et son peuple manquaient.
Les sages en riaient mais leur rire était vain :
Avec vingt compagnons il frêta « l’Artémis »
Financé par les dons de sa belle Cité,
Puis il pria les Dieux pour un vent plus propice,
Profitant de l’hiver pour bien se préparer :
Il emplit son vaisseau presque jusqu’à ras bords
De vivres et de troc pour les lointains Barbares
Puis on partit enfin et l’on quitta le port,
Assurés et farauds, solides à la barre…
Plus tard on traversa les Colonnes d’Hercule
Qu’on nomme Gibraltar, et lors on découvrit
Que l’eau de l’océan avance et puis recule !
Mais plus tard, le contant, l’on resta incompris.
Et ce fut l’Armorique et puis la Britannie :
Pythéas négociait, il en parlait la langue.
Ensuite l’on s’en fut à Thulé où la nuit
Dure indéfiniment, où le jour est exsangue ;
Et puis l’on arriva à l’endroit où la glace
Respirant doucement ressemble à un poumon.
Quand il le raconta, le marin Pythéas
Fut lorgné de travers, tant paraissaient abscons
Les récits insensés qu’il faisait du voyage.
Mais quand il eut longé les côtes de Baltique,
Il s’en revint enfin avec dans ses bagages
Un trésor qui cloua le bec aux plus sceptiques