Le ciel est translucide, et tellement limpide
Qu’il pourrait commencer à joliment tinter.
Le temps est idéal, et je vais essayer
De combler en marchant l’abominable vide
D’une vie apathique où tu n’existes plus,
Pour tenter d’alléger un peu mon cœur en peine.
Quand le mal me submerge et quand mon âme pleine
De chagrin et de spleen d’elle-même s’exclut
Du monde des vivants, je vais dans la garrigue,
Là où cet accident t’a frappé au printemps,
Car je suis convaincue d’y retrouver longtemps
Des traces de ta vie. Une saine fatigue
Pourrait peut-être bien m’aider à oublier
Ce néant infini et cette peine immense ?
Mes pas vont se poser, au gré de mon errance,
Dans tes pas d’autrefois. L’ombre de tes souliers
Est restée accrochée à la terre si sèche
Des sentiers embaumés par la menthe et le thym.
Et si j’y retrouvais un peu de ton destin ?
Combien d’années faut-il pour que le temps ébrèche
La souffrance infinie d’un chagrin corrodant ?
La garrigue est fleurie, les plantes sentent bon
Et le mistral épand leur parfum vagabond
De coteau en coteau… C’est bête, un accident !
dur de vivre un accident
Oui, même 35 ans après…