Ce serait bien que Mars fourbisse un gros orage
Pour dégager les nues de leurs cochonneries :
La Provence en a marre et voudrait à tout prix
Retrouver son ciel pur avec un bon lavage.
Car depuis de longs jours ce n’est plus notre ciel !
C’est un voile tout mou taché de moisissures,
Un bien terne brouillard sans aucune ouverture
Sur l’infini, là-haut, qui cligne et étincelle.
On n’a pas l’habitude, et notre vue ici
Est toujours dégagée : du bleu, encor du bleu,
Même quand c’est l’hiver et même quand il pleut.
Printemps, bouge-toi donc : viens t’en dans le Midi !
Sors tout ton bataclan, tes éclairs, ton tonnerre
Et tous tes beuglements ! Jusqu’à ce que le ciel
Soit propre infiniment. Il n’y a que la grêle
Que tu peux te garder. Débarrasse-nous l’air
De cette brume infecte où flottent des relents
De tristesse et de mort ; qui floute l’horizon
En effaçant la route et les toits des maisons.
L’on n’y voit presque rien à dix mètres devant !
Fais-nous un bel orage hurlant qui tonitrue
Et qui lave à grande eau cette mollasserie
Brouillardeuse et fanée dont est exclue la vie !
Alors vas-y, Printemps, et bouge-toi le cul !