Le temps est triste en haute Ubaye ;
La pluie a dilué la neige
Et du ciel noir qui parpalège
Dégouline de la grisaille.
Le Grand Bérard est encor blanc,
Mais les mornes pistes fangeuses
Sont souillées par la lie boueuse
D’un cloaque mou et glissant.
La neige fond. Où est passé
Ce tapis blanc si duveteux
Et tout étincelé de bleu
Qu’avait déposé février ?
Il s’est transmué en gadoue
Dans la station abandonnée
De Sainte-Anne*, déjà fermée,
Son blanc manteau taché de boue.
*Au-dessus du village de La Condamine (Alpes de Haute-Provence)