Poème illustré par un tableau de :
Robert Hubert
(1733-1808)
A l’Occident là-bas, aux confins de Provence,
Nîmes fut autrefois une belle Romaine
Engourdie au soleil à l’ombre des Cévennes.
Et puis elle a grandi, malgré sa nonchalance,
Car au centre de tout, elle est le carrefour
De l’Histoire d’ici et de tous les migrants
Venant du Nord au Sud, nobles comme manants,
Attirés par la Belle et ses nombreuses tours.
Mais au coeur d’un Midi à l’été furieux,
Nîmes brûle parfois, ardant comme en Enfer.
Le mistral y est fou, violent, tumultueux
Quand il souffle du Rhône au coeur noir de l’hiver.
Et au creux des collines rousses en entonnoir,
Non loin de la Camargue et de ses eaux dormantes,
Nîmes n’est pas si quiète qu’on semblerait le croire
Et c’est souvent à tort qu’on la croit insouciante
Car sa rivière bleue qui serpente gaîment,
Le si joli Vidourle à l’eau claire et chantante,
Peut parfois se muer en un monstre dément
Qui ravage la ville, y semant l’épouvante.
Engourdie au soleil à l’ombre des Cévennes,
Nîmes semble éprouver pas mal d’indifférence
Vis à vis du danger qui menace la plaine,
Mais elle sait qu’y dort un ferment de violence.