Poème illustré par un tableau de :
Martine Tron
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Si le vieux Guy Lestrousse est très fier de l’armoire
Trônant majestueuse au milieu du séjour,
Il déteste conter que c’est un jour sans gloire
Que sa famille l’acquit en de très anciens jours…
Au dessus de Mison* se dresse un grand rocher
Circulaire et très haut, et qui surplombe à pic
Le Buëch et sa région ; un mur déchiqueté
Où l’on avait construit un château hiératique
Qui protégeait la ville au fond de la vallée :
Un énorme gardien soucieux de sa quiétude,
De sa sérénité, un bon millier d’années…
A la Révolution il fut brisé, broyé !
Avant de le livrer stupidement aux flammes,
On se départagea vaisselle et mobilier.
Rendus fous par la haine, enfants, hommes et femmes,
Se démenèrent tous pour le mieux disloquer,
Puis l’on jeta au Buëch les tous derniers morceaux !
Le vieux Guy n’est pas fier face à tant de sottise,
Celle de ses aïeux ! Mais le meuble est si beau
Qu’il ravale sa honte et oublie leur bêtise…
*Poème offert au village de Mison