Magali aimait bien aller chez sa grand’mère
Qui vivait dans les bois pas bien loin d’Enchastrayes.
Un fort joli chalet en plein pays d’Ubaye,
Mais si loin de partout que c’en était misère !
Quand elle allait la voir, sa mère la sommait
De passer par la route. Un important détour,
Sans trop de fantaisie ! Mais le chemin plus court,
Bien que plus attirant, passait par la forêt
Où vivait, disait-on, un loup fort inquiétant…
Or, un jour de printemps, l’enfant n’obéit pas :
Elle quitta la route et s’en fut par les bois,
Oubliant volontiers les ordres de maman !
Et naturellement, elle tomba sur qui,
L’attendant bien peinard caché derrière un chêne ?
Sur le loup affamé et ravi de l’aubaine :
Un joli petit lot qui paraissait exquis !
Mais il était curieux. « Que fais-tu donc, petite,
A traîner dans les bois ? – Je vais chez ma grand mère !
Mais il ne faudra pas le conter à ma mère !
– Oh non ! Mais il est tard ! dit le loup. Vas-y vite »
Car le vilain gredin savait qu’un peu plus loin
Des bûcherons vaquaient à de menus travaux.
Le loup réfléchissait, ce n’était point un sot,
Et l’enfant pouvait faire pas mal de tintouin !
Il se dit que l’aïeul(e) pourrait être l’entrée
Et la petite fille un plat goûteux et tendre !
Aussi ne perdit-il point de temps à l’attendre
Et courut-il devant pour manger la mamé…
Magali insouciante allait de ci-de là,
Parlant aux papillons et cueillant moultes fleurs
Fleurissant dans les bois ; ne songeant plus à l’heure,
Ignorant le danger, n’y pensant même pas…
Et quand elle arriva épuisée chez la vieille,
Elle mourait de faim. L’on passa donc à table :
« Oh mais, dis donc, Mamé, il est bon ton ragoût !
– N’est-ce pas, ma chérie ? Mâche bien : c’est du loup… »