Poème illustré par un tableau de :
Eric Bruni
www.bruni-gallery.com
En quelque endroit que j’aille, il y aura toujours,
Collées à mes souliers, de minimes parcelles
De terre provençale. Et moultes étincelles
Du soleil scintillant ici jour après jour
Cligneront à jamais au creux de ma mémoire.
Car comment oublier, quand on y a goûté,
La saveur infinie et l’insigne beauté
Du somptueux Midi ? Et comment vraiment croire
Que je pourrais un jour vivre sous d’autres cieux ?
Pourtant je sens soudain qu’on me tire l’oreille :
Un vieux gène lorrain horrifié se réveille !
Serais-je une traîtresse ? Oui, d’accord, mais Bon Dieu !
Qu’y puis-je si la pluie m’est trop insupportable ?
Si voir un ciel tout gris fait chavirer mon coeur ?
Si je vis le brouillard comme une vraie douleur
Et si le temps maussade a un effet durable
Sur mon inspiration, sur tout ce que j’écris ?
Il y a si longtemps que je suis provençale
Que je m’y sentirais tout à fait anormale
Si je devais revivre en d’autres lieux qu’ici !