C’est un arbre très vieux au fond du cimetière,
Qu’on planta vers l’an mil ; sa silhouette sombre
Ombrage depuis lors le royaume des ombres
Où son tronc torturé dressé vers la lumière
Lance vers le ciel bleu son feuillage éternel.
C’est l’arbre de la mort. A la mort du soleil,
Il est pourtant couvert des arilles vermeilles
Qui en ont fait l’aïeul des arbres de Noël,
Le parant de rubis pour accueillir l’hiver.
Mais lui-même est poison – sauf au coeur de ses fruits –
Toxique et vénéneux, qui cependant détruit
Les horribles rejets de l’immonde cancer !
Car s’il est venimeux, il est aussi sauveur :
Un remède-poison… Fait de mort et de vie,
C’est un arbre très vieux poussant non loin du Muy,
Et qui semble oublier que même les ifs meurent…