Poème illustré par un tableau de :
René Magritte
(1898-1967)
Sur un mur du salon, il y a un tableau :
C’est la reproduction d’un magnifique oiseau
Qui voltige, figé sur un ciel de papier.
De Magritte, dit-on, un peintre illuminé.
Un fort joli dessin, mais où l’oiseau fut pris
Par un piège du peintre : il a été surpris
Dans son vol aérien par les poils du pinceau
Et y fut englué comme par un appeau.
Un oiseau de papier qui voudrait s’envoler,
D’autant qu’il voit courir des nuages légers
Derrière les carreaux où claque le mistral.
Immobile, à l’arrêt, un oiseau minéral.
Alors pour qu’il retrouve un paradis champêtre,
Paul en catimini a ouvert la fenêtre
Afin qu’il puisse mieux profiter de la vie ;
Et l’oiseau libéré s’est enfui dans la nuit.
On a gardé la toile avec son seul décor.
C’était joli quand même, et l’on aurait eu tort
De gronder ce garçon au gros coeur généreux.
C’est pas mal, ce tableau, avec son vide bleu…