Poème illustré par :
Jean Rosaire
www.jean.ca
Deux chaises sur la grève, étiques, avachies,
Papotent, doucement pour que nul ne devine
Qu’elles peuvent parler. Elles sont si flapies
Par les trop nombreux jours passés à l’Everine
Que leur tissu rayé est blanchi par le sel.
Mais elles ne sont pas snobinardes, et telles
Qu’elles sont maintenant, elles s’en moquent bien :
Leur petit bout de plage est ce qui leur convient !
Un bateau les y mène au début de juillet.
La calanque est tranquille et presque désertée
Car c’est très hasardeux d’y venir par la terre.
Rien que pour soi, qu’à soi, l’incomparable mer
Lèche leurs pieds de bois et les fait frissonner.
Parfois un gros derrière se laisse tomber
Sur leur tissu fragile et mangé par l’usure,
Mais encore costaud ! Et là elles assurent…
En hiver, raplaplas et dormant au garage,
Attendant patiemment, ces accessoires sages
Prient le Dieu des Transats qu’on ne les jette pas !
Mais nous sommes en juin et ils sont toujours là…